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chapitre deux — Article deux

Une architecture
vivante

Le travail de Bijoy Jain, architecte et fondateur du Studio Mumbai, témoigne de son profond intérêt pour la relation entre l’homme et la nature, et pour l’importance du temps et du geste. C’est ce regard sensible qu’il a souhaité partager avec les visiteurs de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à travers l’exposition Le Souffle de l’architecte.

Photo de Bijoy Jain

Bijoy Jain lors de l’exposition Le souffle de l’architecte, Bijoy Jain / Studio Mumbai, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2023

Pour l’architecte Bijoy Jain, cette exposition est une expérience physique et émotionnelle, une invitation à respirer, à errer dans la quiétude et à redécouvrir le silence. Cet aspect était à ses yeux essentiel. « Le silence a un son : le son de la respiration, dont nous entendons la résonance en nous-mêmes. Ce son relie tous les êtres vivants, c’est le souffle de la vie. »

Lumière et ombre, légèreté et gravité, bois, brique, terre, pierre et eau sont réunis pour proposer une expérience sensorielle qui fait écho aux matériaux. Rythmée par le souffle, cette exposition se dévoile comme une installation composée de fragments architecturaux.

Prima Materia, entourée de différents éléments structuraux et assises en pierre, asphalte et goudron

Prima Materia, entourée de différents éléments structuraux et assises en pierre, asphalte et goudron

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Photo d’une natte de bambou tressé

Sun Tower, panneau composé d’une natte de bambou tressé et enduit de bouse de vache et de chaux, dessin tracé au fil enduit de pigment d’oxyde de fer / Éléments sculpturaux en pierre de basalte recouverts de chaux

Sculptures en pierre et en terre cuite, façades d’habitations traditionnelles indiennes, panneaux enduits, lignes de pigments tracées au fil, structures en bambou inspirées des tazias – monuments funéraires portés sur les épaules en mémoire d’un saint lors des processions musulmanes chiites – ces structures transitoires et éphémères présentaient un monde à la fois infini et intime, transportant le visiteur dans des lieux proches et lointains.

Bijoy Jain a également invité le peintre chinois Hu Liu et Alev Ebüzziya Siesbye, céramiste danoise d’origine turque qui vit à Paris. Tous trois accordent la même importance à la maîtrise rituelle du geste, à la résonance et au dialogue avec la matière ; ils partagent la même éthique et la même sensibilité. Les dessins monochromes au graphite noir de Hu Liu sont réalisés avec des itérations du même mouvement pour révéler l’essence des éléments naturels : l’herbe caressée par le vent, le mouvement des vagues ou la silhouette des branches d’un arbre, transmettant ainsi une solennité intemporelle. Les céramiques d’Alev Ebüzziya Siesbye traduisent l’aboutissement d’une grande habileté et d’une grande dextérité, mais sont aussi le fruit d’un dialogue intense avec l’argile.

« En tant qu’architecte, nous devons accorder de l’importance à la création des choses, à l’immersion et à l’attention portée à l’environnement, aux matériaux et aux habitants, afin de permettre à l’espace et à l’architecture d’être inclusifs. »
Bijoy Jain

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