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Une émotion
Fascinée par l’aura magnétique de María Félix, actrice mexicaine, influenceuse de la première heure et grande cliente de la Maison, Amira CasarAmira Casar, ambassadrice Cartier, nous raconte comment cette personnalité hors du commun est entrée dans sa vie pour ne plus en sortir.
María Félix, le rêve
d’Amira Casar
Enfant, j’adorais les actrices flamboyantes du passé. Celles, pluridisciplinaires, qui d’un bond sautaient de la scène théâtrale à l’écran, embrassant les formes diverses des arts dramatiques et musicaux. Je les trouvais à la fois captivantes et fascinantes. Rebelles. Je me faufilais dans les salles de télévision tard le soir, ou je courais dans les cinémas, proches ou lointains, pour échapper à ma propre réalité : échapper aux griffes de mon école stricte et de ma famille éloignée. Telle était la puissance de mon addiction. J’étais subjuguée par leurs voix cool, leurs larges épaules, leur humour pince-sans-rire et leurs yeux vulnérables – la peau lumineuse et domptée de ces « anges de la mort ». Les défauts et les fragilités cachés derrière leur belle apparence.
« « Pourtant, c’étaient les yeux… les yeux gonflés de larmes silencieuses et de mélancolie qui laissaient surgir l’indépendance à laquelle je rêvais tant. Et je ne rêvais que de cela. » »
Et c’est ainsi qu’un jour, j’ai découvert María Félix alors que mon appétit pour le cinéma du monde entier était à son comble. María appartenait à la constellation des « Oiseaux libres » : ces oiseaux polyvalents, sauvages et indisciplinés qui ont choisi leur destin contre vents et marées, faisant confiance au destin et aux dieux, et déterminés à ouvrir la voie au boulevard sans retour de leurs rêves. (Même si cela signifiait laisser derrière elle sa famille). Ainsi, ma fascination pour María a grandi et j’ai vu ses films.
Son style était légendaire, son goût pour les bijoux unique et féroce, preuve d’un grand panache et d’intrépidité. Le serpent en diamants de Cartier, agile et réaliste, rappelait le pouvoir du reptile dans les anciennes civilisations aztèques où il est un dieu monumental. Elle le portait nonchalamment autour de son cou comme le trophée qu’il était, bientôt suivi par des crocodiles, des colliers si vivants et de grandes boucles d’oreilles de serpents enroulés.
Il me semblait que sous cette épaisse crinière de cheveux, il y avait un tempérament fougueux et un appétit vorace pour le travail, visible dans chacun de ses films. (Elle incarnait comme aucune autre la sophistication et le glamour des créatures terrestres sous des formes contrastées).
Dans ses 47 films, son sourire est inoubliable, son intégrité frappante. Ses yeux rêveurs sont empreints de mystère et d’espièglerie. Celle que l’on appelait La Doña continue de vivre, dans mes rêves. Toujours présente.